Très chers compatriotes,
La nécessité de reconstruire le Sénégal s’affiche désormais comme un impératif. Mais, qui devra le reconstruire ? s’impose alors comme une question fondamentale et pour le moins légitime. Cette question a l’impérieux devoir d’ être posé autant au régime pastefien qu’à l’ensemble des Sénégalais,individuellement et collectivement.
La mobilisation au maximum de toutes les ressources disponibles notamment humaines est un pilier essentiel du développement d’un pays. A cet effet, le Référentiel de Politiques publiques Sénégal 2050 réserve une importante place au Capital humain: ce qui est à saluer même si notre volonté serait d’en faire un prérequis à toute autre volonté de rupture.
Seulement, devant «la partisannerie à outrance », comment pourrait-on mobiliser toutes les ressources? Comment se pourrait-il que des hommes qui ne soient même plus capables de débattre sans s’insulter, s’injurier, se diffamer ou se menacer pourraient-ils travailler ensemble dans un seul But autour d’une seule Foi et pour un seul Peuple?
On ne peut s’empêcher de s’imaginer ce que serait devenu le Sénégal si le socialisme africain de Mamadou Dia, les fondements culturels et linguistiques de Cheikh Anta Diop et le peu de nègre de Senghor avaient été conciliés pour le seul intérêt du Sénégal et des Sénégalais.
C’est pourquoi, nous osons croire que l’attitude la plus responsable et qui permet de transcender les obstacles inhérents à la divergence d’opinion, à la partisannerie, à l’exclusion clanique et à la culture réciproque de la haine et de la méchanceté serait de loin celle d’institutionnaliser très urgemment la participation citoyenne, l’engagement civique et de procéder sans délai mais avec méthode à la première des ruptures, le premier des fondements pour bâtir un Autre Sénégal souverain, prospère et harmonieux: la souveraineté culturelle.
Et les premiers jalons en ce sens seraient de montrer l’exemple par le haut en évitant de tomber dans le piège de la partisannerie et de la répétition des manœuvres d’un système hier encore décrié et ardemment promis à trépasser.
Ou bien comme en appelait Feu Mamadou Badio Camara dans son mémorable et inspirant discours lors de l’investiture de Son Excellence Bassirou Diomaye Faye qui le mettait irréversiblement en garde contre les «inévitables tentations du pouvoir, l’ivresse de la puissance et les démons de la division ».
N’est-ce-pas «démon de la division» celui ou celle qui croirait que l’intelligence, l’expertise, le génie et les idées qui peuvent être doivent développer tout un pays ne sont et ne devraient être détenus que par les seuls membres d’un seul parti, d’un seul clan, d’une seule dynastie ?
N’est-ce-pas surtout le plus limité en intelligence des citoyens de ce pays ? Ne serait-ce pas l’expression d’une certaine mauvaise foi consciente ou pas ?
Le génie Sénégalais est pour ainsi dire dispersé, tenaillé entre les positions claniques et les orgueilleuses conciliations mais il devient urgent de savoir le réunir autour du seul objectif dont on soit aujourd’hui digne: reconstruire et développer le Sénégal.
Néanmoins, cette approche de réconciliation et de mobilisation collective tend autant à garantir l’efficacité et l’efficience de la démocratie participative qu’elle devrait impliquer de glisser fondamentalement vers une forme aboutie de Parlementarisme. D’où la nécessité d’un certain nombre de révolutions qui ne doivent en aucun cas avoir peur de l’impopularité et dont la dernière doit être politique et aboutie avec notamment :
– la transition d’un Présidentialisme (déjà peu embrassé : qui en rit est «un opposant sans arguments») vers un Parlementarisme populaire et républicain dans lequel les citoyens organisés dans les quartiers, les villages , les hameaux seront impliqués autant dans les prises de décision que dans le financement et l’exécution des politiques publiques. Ainsi la mobilisation de tous les citoyens serait acquise.
– l’implication des sphères religieuses et coutumières notamment pour l’élection d’un Président de la République qui soit davantage Un Guide Moral plutôt qu’une figure politique comme le pourrait être le Premier Ministre ou le Président du Conseil le cas échéant.
Toutefois, ces réformes politiques devront être précédées par une Révolution Culturelle rigoureuse et d’envergure.
De la primauté de la Révolution Culturelle
La première révolution quant à elle devra être culturelle sans quoi aucune autre ne sera possible. Car, comme le disait Cheikh Anta Diop: « Aucun peuple sérieux ne peut prétendre se développer dans la langue et la culture d’autrui ».
Cette révolution nécessitera plus de courage, d’ouverture, de sacrifice et d’abnégation car elle implique un changement radical des modes de vie individuelle et collective , des modes de consommation ainsi que des valeurs morales traditionnelles qui sous-tendent l’ héritage aujourd’hui délaissé de notre patrimoine historique et culturel.
Il faudra impérieusement consacrer les obligations ci-après :
– l’obligation de réécrire notre histoire ;
– l’obligation de l’éducation religieuse avant 6-9 ans , cette mesure trouvant corollaire dans la révolution à opérer dans L’ Éducation Nationale notamment en la durée du cursus et de son contenu ;
– l’obligation du Service Militaire et ou Agraire à partir de l’émancipation légale de la majorité c’est-à-dire dire 17 ans ou de la majorité ;
– l’obligation du « mariage pour tous »pour ne pas dire la suppression de notre corpus législatif des concepts de «mariage précoce», de «mariage forcé » pour l’éradication des grossesses et débauches précoces mais également pour la remédiation du pléthore de divorces ;
– l’enrôlement obligatoire de toutes les personnes sans emploi, sans revenus dans des coopératives interpressionnelles dans toutes les filières ; afin de maximiser la force productive nationale ;
– l’obligation du suivi psychologique de certaines catégories ;
En plus, la révolution culturelle devra être appuyée par une batteries de nouvelles lois dont les plus saillantes seraient :
– la criminalisation et la pénalisation de la calomnie et de la médisance
– la remise en jour de la loi sur les gaspillages lors des cérémonies
-un corpus législatif consacrant les obligations susmentionnées ainsi que leur application.
Cette énumération ne se voulant pas exhaustive, la révolution culturelle devra être portée dans son ensemble par une révolution de l’éducation nationale et un programme abouti d’ éducation populaire.
De la Révolution de l’école sénégalaise et de l’éducation populaire
Cette profonde réforme reposant sur les obstinés constats d’une école en désarticulation avec l’ADN de la société sénégalaise, d’un système éducatif moins performant, peu productif , d’une école sénégalaise encore à rêver s’articulerait autour :
– de la prise en charge de l’éducation psychosociale des élèves, enseignants, parents, communautés;
– la refondation de nos contenus d’enseignements imbus de notre patrimoine historique et culturel propre et authentique ;
– la consécration de modules de formation aux métiers et aux sports dès l’élémentaire, la spécialisation dès le début du deuxième cycle secondaire et des certifications à son terme;
– la réduction du cycle d’enseignement de 13 à 09- 10 ans;
– l’officialisation de la langue wolof et l’utilisation rigoureuse de nos langues nationales ;
– ainsi que la spécialisation des maîtres de l’enseignement élémentaire.
En définitive, nous avons avons aujourd’hui l’obligation historique de transcender nos divergences y compris d’opinions et l’Histoire retiendra au premier chef, le régime actuel tacitement investi de cette mission historique.
Loin d’en appeler à l’impunité ou à la souplesse, nous estimons simplement que le Sénégal dans sa majorité a assez souffert, a assez payé de sa chaire et de ses os le lourd tribu de cette guerre presque décennale entre les partis PASTEF et APR.
Au-delà, il aura assez souffert de la classe politique qui depuis 1960 étrangle le progrès, l’harmonie et l’émergence de ce pays au nom de privilèges que des régimes s’octroient en détournant la volonté populaire ou en la méprenant mais aussi en se laissant emporter par « les inévitables tentations du pouvoir, l’ivresse de la puissance et les démons de la division ».
Patriotiquement Vôtre !
Amadou Siga Faye,
Un Sénégalais inquiet
«ENSEMBLE POUR TOUS »